UNStudio est une agence néerlandaise de renommée internationale qui compte près de 200 collaborateurs répartis sur plusieurs succursales dans le monde entier et intervient sur des échelles allant du design d'objet - dernièrement une râpe à truffe -, jusqu'à l'étude urbaine. Pourtant son fondateur Ben van Berkel explique qu'il « aime continuer à concevoir des maisons, que selon lui « il est important de garder à l'esprit la manière dont on vit aujourd'hui, de façon intrinsèque ». Dans un esprit moderniste, l'innovation apportée au design d'une chaise participe par exemple pleinement à la conception d'un bâtiment. Aussi, quand des clients le sollicite pour la conception de leur maison, c'est avec engouement qu'il accepte le projet. Disposant d'une parcelle de 2 350 mètres carrés, située en bordure d'un village près de la mer au nord des Pays-Bas , ils laissent le soin aux architectes d'organiser au mieux les espaces et aussi d'y intégrer la technologie smart avec pour principal conseiller le propriétaire qui en connaît bien les enjeux puisque c'est son domaine professionnel. En résulte une maison aux lignes que d'aucuns pourraient juger « futuristes », en parfaite adéquation avec son contexte paysager... et son temps.
AU RYTHME DE LA PENSÉE
« Il y a plus d'une dizaine d'année, les propriétaires, qui vivaient déjà près de la mer mais souhaitaient une nouvelle habitation, font l'acquisition de ce terrain nu, dans un contexte agricole, qui offre des vues dégagées vers le lointain à plusieurs kilomètres », se souvient Ben van Berkel. Ce n'est pas avant 2008 qu'une première esquisse est proposée par l'architecte qui « préfère un processus de conception lent, qui laisse le temps de comprendre les habitudes et la psychologie des personnes qui vont habiter ce nouvel espace ». Et il aura au total fallu six années avant de voir le projet aboutir. D'un point de vue administratif, les autorités locales - à savoir la mairie -, ont soutenu le projet car malgré l'absence de toit à deux pans réglementaire, elles en ont largement apprécié l'intégration dans le paysage et son aspect innovant, notamment les dispositifs environnementaux qui en font quasiment un écosystème autonome, produisant et recyclant son énergie.
PAYSAGE ASSIMILÉ
L'agence développe la notion de « superliving, qui n'est en rien liée à l'idée d'une vie dans le luxe, mais à la manière dont la qualité de vie dans une maison peut être améliorée, comme si le logement était une maison de vacances ».
L'aspect le plus important au moment de la conception a donc été de déterminer comment le paysage pouvait être directement « assimilé » à l'architecture. Autrement dit, il s'est agi d'organiser les espaces pour « libérer » ou bien « bloquer les vues ».
Sur une base carrée, les façades se creusent au point que le plan évoque une fleur à quatre pétales qui s'organise autour d'une circulation verticale centrale exerçant « une force centrifuge » . Ces escaliers qui desservent les quatre demis-niveaux sont volontairement transparents, tout comme les façades entièrement vitrées, afin que les vues filent de part en part, d'un jardin à l'autre, du sol au ciel. De l'implantation sur la parcelle découle la répartition des espaces. Côté nord, à l'extrémité boisée du terrain, se trouvent les pièces les plus intimes comme les chambres et bureau, tandis qu'au sud, séjour, cuisine et terrasse sur le toit semblent contenir l'entière plaine du polder. L'effet est d'autant plus marqué que le terrain a été remodelé pour recevoir le garage en sous-sol. Une légère prise de hauteur décuplée par le plat environnant.
UN ÉCOSYSTÈME MAÎTRISÉ
Dans l'idée de concevoir « une maison du futur » les architectes ont intégrés à la conception un certain nombre de dispositifs environnementaux qui assurent le confort thermique et un degré d'autonomie à la maison. Parmi eux, géothermie, pompe à chaleur air/eau et panneaux solaires photovoltaïques assurent une quasi indépendance énergétique. Et le futur selon UNStudio, passe dans ce projet par une gestion intelligente de l'habitation, qui garantit un bien-être adapté aux besoins des habitants, au-delà de la sécurité. Des capteurs indiquent ainsi la qualité de l'énergie produites et le pilotage se fait facilement grâce à un écran tactile placé dans le séjour qui centralise les informations. Un contrôle par point est aussi possible pour chaque pièce. Cette approche de la notion de bien-être par le biais de la technologie a été rendue possible du fait que le propriétaire est lui-même un des acteurs de la domotique. Si sa maison est devenue une vitrine de son savoir-faire, la conception a été pour Ben van Berkel l'occasion d'en apprendre très long sur le sujet ; l'intérêt de la technologie étant selon lui limitée si « elle ne reste qu'un simple gadget ».
Article paru dans Architectures À Vivre 100 : La maison qui vous veut du bien (mars-avril-mai 2018)