Dans le cas présent, deux grands immeubles surplombent un espace grillé par le soleil, que le couple jardine sans arriver au foisonnement désiré. « Plutôt que de répondre à la problématique du vis-à-vis de manière classique, par exemple avec des palissades, explique Quentin Geffroy, nous avons donc utilisé cette idée du sous-bois, en osant planter des arbres assez généreusement pour dérober le jardin à la vue. » Une canopée verdoyante cache désormais une terrasse où se prélasser à l'abri des regards indiscrets, tandis que le rez-de-chaussée de l'habitation, largement ouvert sur le jardin, profite de la luxuriance des feuillages.
LA SOLUTION DU PAYSAGISTE PAS À PAS
1. Pour arriver à ce dense couvert forestier, de jeunes plants de saules roux et d'érables japonais ont été mis en place de manière assez rapprochée, créant une strate arborée. Celle-ci a été taillée au fur et à mesure de sa pousse afin de laisser entrer la lumière au sein des frondaisons et de permettre au couple de propriétaires « d'habiter pleinement le sous-bois », explique Quentin Geffroy.
2. Dans ce sous-bois naissant, ce sont d'abord des végétaux appréciant autant la lumière que l'ombre, tels que les fougères, qui ont été plantés. Par la suite, la palette végétale a été progressivement enrichie avec une flore plus exigeante, à l'image du Chamaedorea radicalis, un palmier nain du Mexique qui n'aurait pas supporté le fort ensoleillement de la parcelle d'origine… Certaines plantes ont enfin changé de place une fois la canopée stabilisée, pour leur offrir des conditions de croissance optimales.
3. Pour accentuer l'apparence fantastique de cette forêt artificielle, plantes locales et exotiques ont été allègrement mélangées. À l'intérieur du bosquet, les saules des bords de rivière se mêlent donc à de luxuriants palmiers. Enfin, un petit chemin creux s'enfonce dans la verdure, amenant à une clairière où le promeneur découvre une terrasse en béton et son salon de jardin.
LES ASTUCES
► FAIRE ENTRER LA LUMIÈRE
Dans cette palette végétale, le saule roux joue un rôle important : « C'est en effet un «arbre plastique», détaille Quentin Geffroy, qui supporte bien les tailles d'éclaircissage. » Autrement dit, il est possible de dégager ses branches les plus basses afin de créer un petit sentier, mais aussi de tailler ses frondaisons les plus hautes pour laisser pénétrer les rayons du soleil. « Enfin, c'est un arbre qui grandit vite, ce qui permettait à notre sous-bois d'atteindre rapidement les cinq mètres de haut. »
► S'ENFONCER SANS PEUR
L'effet de hauteur a été accentué en excavant à la fois le sentier et la clairière : une trentaine de centimètres a ainsi été décaissée, ce qui a permis de créer une microtopographie sur le terrain plutôt plat de l'aménagement. « Cela favorise la sensation de rupture d'échelle, puisque les plantes basses de sous-bois comme les carex, surélevées par rapport au sol, poussent déjà à hauteur de cuisse, à 80 centimètres de haut. »
► JOUER SUR LE POUVOIR DES FLEURS
Qui dit sous-bois, dit verdure. Afin d'égayer des feuillages sinon un peu monotones, chaque saison est ponctuée par l'apparition de floraisons colorées, comme celles, mauves, de la digitale, plante de clairière par excellence, ou encore du lys crapaud, fleur appréciant la mi-ombre et les sols frais…
► Paru dans Architectures À Vivre 114 : Petites surfaces pleines de piquant !