Comment avez-vous lancé cette version alternative à la Bertoia Loom Chair ?
À l'époque, je travaillais avec un marchand des puces de Saint-Ouen qui a cru en ce projet et qui m'a proposé ses chaises pour en tester le tissage. Nous avons fait des photos pour lesquelles, une fois exposées, j'ai reçu une récompense aux Designer's Days. Les médias en ont parlé, et puis les décorateurs ont commencé à me contacter pour des commandes. Maintenant, j'ai des clients qui me demandent des lots, des sets, de quatre, huit ou dix chaises. Ce fauteuil a beaucoup de succès auprès des architectes d'intérieur, il est tout de suite reconnaissable, incontournable, tout en se démarquant.
Vos clients sont-ils essentiellement des professionnels ?
Oui, je travaille beaucoup avec des architectes, des architectes d'intérieur et des décorateurs. Ils commandent les fauteuils, on choisit le tissu : on a tout un travail en amont du projet spécifique. Je suis parfois sollicité directement par des particuliers. Mais je ne suis plus sur des structures vintage, notamment pour des questions de rapidité.
Comment l'entourage d'Harry Bertoia a-t-il réagi ?
J'ai été en fait plutôt félicité par la famille et la fondation. Et avec Knoll, qui connaissait les premières ébauches du travail, nous avons développé une complicité totale. Je vais chercher la structure chez eux pour garder la qualité du produit et répondre aux demandes du décorateur. Si la version chrome est, je crois, la plus vendue depuis un demi-siècle, parfois certains recherchent une version cuivre, voire noire, qui va par exemple mieux s'adapter à un tissu beige.
Comment se passe le choix du revêtement ?
Certaines fois, les clients choisissent leur fournisseur. Mais je travaille essentiellement avec Kvadrat en raison de leur qualité et de leur réactivité. En général, on commande des échantillons à la fois pour le cabinet d'architecture d'intérieur et pour le studio. On teste alors les faisabilités directement, parce que, en fonction de la quantité de polyamide et de coton, le tissu ne réagit pas de la même manière.
Cela demande-t-il un véritable savoir-faire de tapissier ?
Oui, pour plus de confort, nous réalisons nous-même la garniture pour contrôler la souplesse et l'épaisseur du coussin.
Entre plasticien, designer et artisan, vous explorez aussi dans votre travail d'autres techniques ou d'autres matériaux. On pense à vos expérimentations avec le travertin et la céramique que l'on peut voir sur votre site.
Les pièces en travertin sont davantage une démonstration de faisabilité. J'ai été sollicité par une entreprise pour imaginer des concepts pour de nouveaux marchés. Par exemple, j'ai développé celui de la « tige de pierre », que je reprends pour des créations à la commande.
Et je poursuis avec la céramique des recherches plasticiennes commencées il y a quelques années, que j'ai baptisées Vacuum : ce sont des porcelaines et des grès aux formes étranges. Je travaille à la mise au point d'un process qui me laisse une certaine liberté afin de générer des formes. Depuis mes études, la céramique ne m'a jamais quitté !