Aujourd'hui l'un des plus grands architectes de notre époque, le Japonais Tadao Ando, est le sujet d'une rétrospective organisée par le Centre Georges-Pompidou. À 17 ans, avec l'argent récolté sur les rings, il prend le transsibérien direction l'Europe, ayant notamment pour objectif de rencontrer Le Corbusier dont l'œuvre le fascine - mais celui-ci meurt quelques jours avant son arrivée. C'est à cette période qu'il découvre aussi les États-Unis et l'Afrique. Ses voyages initiatiques terminés, il retourne au Japon en 1969 où il fonde son agence. Ses premières réalisations sont des maisons, un programme alors très déprécié : « J'ai voulu relever le défi selon lequel, même sur une surface de 70 mètres carrés, on pouvait réaliser une habitation convenable, qui devait soulever des questions » confie-il à Frédéric Migayrou, commissaire de l'exposition - un effort qui a porté ses fruits quand on connaît la richesse de l'architecture domestique nippone aujourd'hui. Stylistiquement, Tadao Ando se démarque dès ses débuts du Mouvement métaboliste en vogue dans l'archipel pour une architecture sobre et épurée. Autre caractéristique de ses habitations : elles sont fermées sur l'extérieur.
En découle un fort rapport au corps, un corps qui perçoit l'air, les matériaux, « premier principe d'une définition de l'espace architectural », analyse Frédéric Migayrou.
Son usage du béton lisse est remarquable et singulier. « Je voudrais que les gens s'interrogent : comment est-il possible de créer un espace pareil en béton ? Uniquement à l'aide de la géométrie, des dimensions et des matériaux. » L'autre grande ressource utilisée par l'architecte est la lumière naturelle, avec une œuvre déterminante en 1989, l'Église de la Lumière à Osaka. « J'ai voulu que la lumière entrant par la croix soit perçue de manière différente par chacun » , explique-t-il. Une lumière que l'on retrouve conjuguée différemment dans chacun de ses projets. Il affirmera même, à propos de la maison Koshino (Ashiya, 1981), avoir fait en sorte que l'on ait envie de la prendre dans ses mains. Tadao Ando a reçu le prix Pritzker en 1995 et continue aujourd'hui, à 77 ans, de livrer des réalisations dont l'apparente simplicité en fait des œuvres puissantes.
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EXPOSITION « TADAO ANDO. LE DÉFI »
♦ Dates : jusqu'au 31 décembre 2018
♦ Lieu : Centre Pompidou, Paris 4e
♦ Pour en savoir plus : www.centrepompidou.fr