Un seul regard suffit pour être cueilli par la mélancolie lumineuse de la collection Soul. À mi-chemin entre objet fonctionnel et sculpture décorative, la lueur poétique s’échappant de cette série de six appliques évoque la flamme qui anime le foyer dune maison. Fabriquées en plâtre (une première pour l’éditeur de luminaire DCW qui a dû adapter ses outils de production), leur forme est librement inspirée par l’architecture de certains quartiers de Beyrouth dans lesquels Charles Kalpakian a grandi. « C’est un genre dutopie urbaine orientale retranscrit par des jeux d'emboitement et de microarchitecture » explique le designer qui ajoute de minuscules figurines à certains modèles pour exprimer la place de l’homme dans ce chaos organisé. « Quand on les voit suspendues côte à côte, les lampes forment des scénettes racontant des histoires : celles de familles, de bâtiments et de ruelles de Beyrouth. Au Liban, comme dans tout le bassin méditerranéen, on vit souvent dans ces rues étroites d’où l’on voit tout ce qui se passe chez son voisin. » Avec Soul, le concepteur franco-libanais cherche à reproduire cette ambiance propre aux cités orientales, entre mystère et proximité. Car il faut s’approcher des appliques pour en saisir toute la subtilité. Comme dissimulée derrière un coin de mur, leur lumière irréelle semble percer le crépuscule. « Je voulais qu’on ne puisse pas tout de suite voir la source lumineuse, qu’il y ait quelque chose de magique dans son design, comme un soleil caché. » Première création originale de Kalpakian pour DCW, la gamme de luminaires ne constitue pourtant pas sa première collaboration avec la maison d'édition. « Nous avions travaillé il y a IO ans sur la réédition de la collection Mantis de Bernard Schottlander, à une époque où ils [DCW, ndlr] ne faisaient pas de contemporain. » Heureusement depuis, l’éditeur a changé son fusil d'épaule en s’ouvrant à des horizons inédits. Présentée lors du salon en septembre 2022, la collection est d’ores et déjà promise à de prochaines déclinaisons. Comme autant de nouveaux chapitres à l’histoire de cette lumineuse utopie.
D’un blanc pur, chaque applique en plâtre est rétroéclairée par un aplat en feuille d’or et assortie d’un petit personnage métallique (assis ou debout), clin d’œil en autoportrait de Kalpakian.