C’est sur la côte est australienne, à mi-chemin entre Sydney et Brisbane, que se trouve la commune de Crescent Head. Relativement peu peuplée, cette localité vit surtout du tourisme – elle a les atouts pour ! – et propose camping, pêche, surf et randonnée, notamment dans le parc national de Goolawah où les visiteurs les plus chanceux peuvent rencontrer koalas, tortues, dingos et dauphins. Pour les mieux nantis, le Crescent Head Country Club propose enfin un parcours de six trous, depuis lequel, dit-on, il est possible d’observer les baleines à bosse entre les mois de mai et novembre tout en peaufinant son swing. Résultat : la «Tête de croissant » a le vent en poupe, attirant de plus en plus de monde, certains pour un temps limité, d’autres pour une durée indéterminée.
C’est à cette seconde catégorie qu’appartiennent les clients de Madeleine Blanchfield, un couple de retraités propriétaires d’une parcelle perchée sur une petite colline, au milieu d’autres habitations. Lorsqu’ils rencontrent l’architecte, ses nouveaux clients lui demandent deux maisons en une: un espace pour eux, où ils pourraient couler leurs vieux jours, et un second logement séparé, afin de pouvoir accueillir de la famille et le mettre en location le reste du temps. À l’agence, ensuite, de donner forme à ces exigences programmatiques. Pour cela, Madeleine Blanchfield imagine sans peine une habitation sur deux étages : le niveau supérieur abritera la résidence du couple, tandis que le rez-de-chaussée accueillera, entre ses murs de pierre, un appartement indépendant comprenant trois chambres, un salon et une cuisine.
Mais le véritable enjeu pour l’architecte australienne repose surtout sur la volonté de proposer une construction singulière, intéressante du point de vue architectural, sans pour autant mettre en péril son intégration dans son environnement bâti. « Il y a beaucoup de toits en pente dans les environs. Nous avons donc choisi de reprendre la ligne dentelée dessinée par les toitures voisines et l’avons inversée : la maison a un toit plat, mais sa sous-face renvoie aux réalisations environnantes », explique alors Madeleine Blanchfield. Sculpturale, celle-ci joue également le rôle de plafond : c’est elle qui surplombe les boîtes contenant les pièces intimes à l’étage réservé au couple, elle qui embrasse littéralement les pièces de vie, elle, encore qui guide le regard jusqu’à la terrasse à laquelle on accède par une large et agréable baie vitrée. C’est elle, enfin, qui découpe et cadre le panorama, grandiose, sur le ciel, le soleil et l’océan…