Si l'appartement ne nécessitait pas forcément de gros travaux de rénovation, c'était sur son organisation spatiale que les propriétaires souhaitaient intervenir. Leur programme inclut une cuisine ouverte, trois chambres d'enfants avec deux salles de bains, et une suite parentale séparée. Cette dernière prend donc place tout naturellement à l'étage, qu'elle occupe entièrement avec une chambre, une salle de bains et un dressing. Si ce choix semblait le plus logique, il impliquait une subtilité : l'escalier permettant d'y accéder donnait directement dans la cuisine. Cette difficulté devient une force, puisque c'est en cherchant à imbriquer ces deux espaces qu'est née l'idée d'un meuble continu.
Celui-ci combinerait plusieurs fonctions tout en permettant d'identifier chacune d'elles. L'intention principale fut alors de faire de l'escalier un lieu de vie et non un simple passage : sa forme crée un mouvement, un flux dans la pièce qui devient plus dynamique.
Les rangements en contreplaqué de bouleau se prolongent en marches qui soutiennent à leur tour un plan de travail en marbre qui lui se retourne pour recouvrir le sol de la cuisine… Une continuité qui s'étend dans le reste de l'appartement en passant par la baie ouverte entre le couloir et le séjour - un ouvrage indispensable pour faire traverser la lumière d'un bout à l'autre des espaces de vie. D'une plinthe naît une bibliothèque puis une cheminée qui se transforme en marche pour accéder à la terrasse. La teinte claire du bouleau se marie au parquet massif d'origine sans l'imiter, et assure la transition avec le blanc omniprésent des murs.
Le bois, et plus encore cette essence en particulier, a été choisi par les architectes pour ses « capacités de finitions et sa tenue dans le temps » , si bien qu'il est appliqué jusque dans les pièces d'eau sous la forme d'un caillebotis.
En passant par les portes, le bois se faufile aussi dans les chambres pour devenir un banc, une armoire puis une table de nuit.
Grâce à cette intervention, l'intérieur est plus clair, au sens propre comme au sens figuré. On comprend dès l'entrée que le meuble accompagnera le parcours, en apportant les fonctions nécessaires à chaque espace. Au lieu de cloisonner, on partitionne avec des commodes basses. Au lieu de juxtaposer du mobilier dépareillé, on unifie avec une seule forme et une seule teinte. Le plan se fluidifie, l'espace se gorge de lumière et la mission est remplie !
⇒ Article paru dans le Hors-Série d'Architectures à Vivre n°41 : 1001 idées d'intérieurs
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