Avec son emplacement idéal en milieu de parcelle, traversante sur deux niveaux et sans aucun vis-àvis, cette maison située à Montreuil a tout de suite séduit l’architecte Ramsés Salazar. L’œil de ce professionnel a compris les atouts de ce terrain en lanières irrégulières offrant de belles perspectives, avec une cour au nord et un jardin exubérant au sud. Mais lorsqu’il l’achète au début de l’année 2017, elle n’a alors rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui.
« Elle était dans un état catastrophique et n’était d’ailleurs plus vraiment habitée, se souvient-il. Peu lumineuse, elle manquait surtout cruellement d’unité architecturale. »
En effet, cette habitation de 135 mètres carrés était à l’origine composée d’un premier bâtiment construit dans les années 1940, auquel une extension de 60 mètres carrés avait été ajoutée dans les années 1980. Un assemblage réalisé sans le moindre souci de cohésion, le second bâtiment étant simplement adossé au premier, avec deux portes d’entrée distinctes, des différences de niveau et de simples portes intérieures en guise de jonction. «Le passage se faisait uniquement entre la salle à manger et le salon, et dans les chambres à l’étage, à travers un mur pignon qu’il semblait indispensable d’abattre, explique Ramsés Salazar, qui mettra 4 mois à concevoir son projet de rénovation. Le principal défi était de réunir ces deux constructions juxtaposées, et de créer enfin une harmonie architecturale qui améliorerait la qualité spatiale intérieure. »
CONCORDANCE RECHERCHÉE
Les travaux démarrent en mai 2017 avec la démolition des murs porteurs au rez-de-chaussée et la mise à niveau des sols intérieurs et extérieurs. «Nous avons inséré des IPN partout, dont certains sont cachés dans l’épaisseur des planchers, révèle l’architecte. Au final, la pièce à vivre fait près de 60 mètres carrés avec un seul poteau visible au centre. » Dans cette vaste surface, un noyau désaxé abritant des toilettes, une penderie et une cheminée sert d’espace tampon entre l’entrée et le séjour et se prolonge par l’îlot central de la cuisine. Une structure qui génère une circulation fluide, au fil d’une boucle où se dévoilent salon, salle à manger et cuisine. Une fois les accès superflus disparus et le sol décaissé pour entrer de plain-pied dans la maison, Ramsés Salazar choisit de renforcer la cohésion par l’emploi d’un nombre limité de matériaux: du béton au sol et des murs blanc et inox réchauffés par du contreplaqué de pin maritime. «Nous voulions garder l’esprit industriel des bâtiments de Montreuil, que les couleurs soient celles des matières brutes et non celles des peintures. De même, nous avons refait toute la plomberie, mais conservé les anciens radiateurs simplement décapés. »
MISE EN LUMIÈRE
L’unité architecturale établie, restait encore à améliorer la luminosité dans la maison. La totalité des menuiseries sont donc remplacées, certaines sont déplacées, et beaucoup sont agrandies. Des baies vitrées fixes et coulissantes sont mises en œuvre dans la pièce à vivre et dans une chambre de l’étage, et une fenêtre de toit est ajoutée dans la cage d’escalier pour créer un puits de lumière.
« Ces ouvertures illuminent l’intérieur, mais connectent aussi la maison à son environnement, explique Ramsés Salazar. En alignant les fenêtres et en supprimant des cloisons, les perspectives sur l’extérieur sont ainsi mises en valeur. »
Une double exposition qui dès le départ avait séduit l’architecte et prend toute sa dimension après les 6 mois de travaux. Livrée en novembre 2017, la maison est aujourd’hui parfaitement homogène et privilégie une circulation simplifiée à l’intérieur mais aussi entre la cour et le jardin. En gommant les différences et les aspérités, Ramsés Salazar est parvenu à faire fusionner des volumes jusqu’alors disparates pour ne plus raconter qu’une seule et même histoire.
⇒ Article paru dans Architectures À Vivre 102 spécial Journées d'Architectures À Vivre
FICHE TECHNIQUE
♦ architecte RSA–Ramsés Salazar
♦ localisation Montreuil (Seine-Saint-Denis)
♦ bâti d’origine 1940
♦ livraison novembre 2017
♦ études 4 mois
♦ travaux 6 mois
♦ surface 135 m2
♦ coût des travaux 180000 euros HT
♦ matériaux utilisés contreplaqué pin maritime (cuisine, cadres de fenêtre, portes placards, banc à plantes, escalier)/ ciment (sols)/ inox (plan de travail)/ enduit minéral Weber finition grattée fin (façades)/ carrelage blanc 5 × 5 cm (sanitaires, salle d’eau, salle de bains)/ aluminium anodisé or clair satiné (fenêtres, porte d’entrée, baies coulissantes)
♦ fournitures W.-C. Odéon Up de Jacob Delafon / lavabos et lave-mains Alape / mitigeurs Jedo / sèche-serviettes Cala d’Acova / radiateur central Chorus rythmic / lampes Pipe de Herzog & de Meuron chez Artemide / lampe Nemo de Le Corbusier/ plafonniers Ultra SD de Deltalight/ spots encastrés plafond Deep Ringo de Deltalight/ appliques en aluminium d’extérieur chez Zangra / lampes tubulaires transparentes chez Zangra / four combiné vapeur Neff / table de cuisson à induction à fleur de plan Neff / hotte Lumen Isola 175 de Falmec / canapé Smala de Pascal Mourgue chez Cinna / chaises XO de Philippe Starck / chaise One Beton de Konstantin Grcic chez Magis / pouf Osorom de Konstantin Grcic chez Moroso / tapis Mix & Match chez Cinna