Un brin d’histoire et la folie des architectes espagnols de l’agence Idoia Otegui Arquitectura, ont suffi à (re)dessiner un logement incroyable et inattendu. À Madrid, dans l’un des quartiers traditionnels, un dôme de dix mètres de haut couronne un immeuble de sept étages, construit dans les années 1950 pendant l’expansion de la ville. Un triplex, situé sous ce toit, n’attend qu’à être rénové pour que tout son potentiel soit enfin exploité : ses différents étages, ses combles et ses deux terrasses symétriques. Dans son logement le client vit seul mais a besoin d’espace pour pouvoir accueillir et réaliser confortablement ses différents passe-temps : la peinture, le yoga, la cuisine, etc. Les pièces doivent alors être polyvalentes, et ouvertes aux changements et aux différentes activités.
MONTÉE INTIME SUR/SOUS LES TOITS
La rénovation est intégrale, sur les trois hauteurs que compte le bien. Le rez-de-chaussée rassemble dans un même espace ouvert les salles de vie : le hall, le salon, la cuisine, la salle à manger, et au fond, derrière une porte coulissante, un cabinet chinois, faisant aussi office de bureau ou de chambre d’ami. Les reprises en sous œuvre de certaines maçonneries permettent d’ouvrir et ainsi d’apporter plus de lumière dans ce volume rectangulaire, tout en laissant des démarcations entre les usages par des changements de carreaux, des poutres, ou des moulures. Un tout nouvel escalier suspendu, fait de bois et d’acier noir est créé et se démarque contre l’un des murs en béton brut. L’étage, un peu plus intime, abrite une suite parentale et deux grandes terrasses aménagées comme de véritables pièces. Un revêtement très estival en céramique turquoise est appliqué le long de plusieurs murs continus pour lier d’avantage tous ces espaces et effacer les transitions extérieures/intérieures. La terrasse sud est une extension de la salle d’eau. Il est possible d’y bronzer et de s’y doucher tout en contemplant les montagnes ! Tandis que la seconde, au nord, profite de l’ombre du dôme, de la vue sur les toits madrilènes et accueille une cuisine d’été. Que demander de plus ?
Néanmoins, le clou du spectacle se cache un peu plus haut : sous le dôme. Il s’agit d’un lieu sans usages prédéfinis, faisant tour à tour office de salon, de grenier, de salle télé ou de méditation… C’est la pièce la plus intime de la maison, le petit secret qui peut rester bien gardé des invités. L’accès complexe se fait uniquement depuis la chambre par une délicate échelle de pilote faite de tuyaux ondulés. Quelques marches gravies et la magie opère une fois arrivé sous la rustique charpente métallique. Une pièce difficile à chauffer mais où il fait bon rêver !
« On grimpe pour accéder à un espace de 10 mètres de haut qui a la force et la beauté de ne servir à rien... un espace sans nom, sans usage, une folie, une extravagance, un luxe inutile, sublime, où les usages sérieux et conventionnels de la maison n'ont pas leur place. »
LES COUCHES DU PASSÉ
« Nous recherchons la beauté classique des matériaux existants »
Le temps a depuis les années 1950 fait son œuvre. Laissant visibles des moulures, des réseaux, des couches de peintures et d’enduit, l’intervention architecturale met en lumière toutes ces textures qui témoignent de l’histoire du lieu. Les matières les plus « précieuses » sont conservées, et mêlées à des éléments plus contemporains, remémorant le passé tout en laissant une empreinte de notre époque. Un véritable travail d’archéologie. Et même si l’existant est recouvert sur certaines surfaces, les architectes en sont très respectueux, conservant toujours l’esprit originel de la maison. Ils utilisent des matériaux simples et intemporels, comme le bois, l’enduit, le cordage, ou des carreaux de céramiques, plus osés. Présents au sol et surtout dans les salles de bains, ils font écho à la culture espagnole et à son architecture aux multiples couleurs. À se demander s’ils sont neufs ou anciens !
« Nous ferons en sorte que cet ancien espace devienne « contemporain » et que ce nouvel occupant se sente bien et heureux, comme s’il avait toujours été chez lui » confessent les architectes.
Le souci du bien-être de l’habitant a au final été au centre de toutes les décisions architecturales, mais aussi décoratives. Très coloré, le mobilier égaie et apporte de la chaleur aux matériaux anciens. Pièces vintages, usées ou transformées se mêlent aux équipements contemporains pour offrir tout le confort nécessaire, notamment lumineux. Car comme dit le concepteur avec humour : « Une maison avec un bon éclairage nous rend beaux et être beaux nous rend puissants ! »