Ce fameux charme haussmannien, avec ses moulures végétales, ses parquets à chevrons, ses cheminées et sa belle hauteur sous plafond, ne cesse de nous ravir. Pour en jouir indéfiniment, l'agence Cut a totalement décloisonné cet appartement avant de démultiplier les plaisirs grâce à des miroirs, beaux et utiles.
Les architectes de l'agence Cut, Yann Martin et Benjamin Clarens, assistés de Minh-Tâm Nguyen et Chanelle Fillastre, ont eu le client idéal. Très ouvert aux propositions, il n'a été exigeant qu'au sujet des cheminées, qu'il souhaitait le plus nombreuses possible, et au sujet des rangements dont il a aussi besoin en quantité pour installer les œuvres d'art qu'il collectionne. Pour le reste, liberté totale a été donnée aux concepteurs afin de transformer ce grand appartement en très bon état mais très cloisonné. Des quatre chambres n'en reste qu'une bien plus grande, la minuscule salle d'eau est devenue un grand espace fluide et éthéré, le double séjour est réunifié, la cuisine qui n'occupait qu'un espace résiduel est devenue spacieuse et centrale et l'ensemble est complété par un bureau qui fait office de chambre d'ami. Quant au magnifique parquet en chêne massif et aux plafonds moulurés, tous rénovés précédemment, ils ont bien évidemment été conservés et mis en valeur par des éclairages idoines.
Et pour comprendre la mise en œuvre de tout cela il faut faire appel aux lois de Descartes qui expliquent que le reflet est une image virtuelle inversée se trouvant de manière symétrique à l'objet par rapport au plan de réflexion !
Autrement dit, le choix d'un revêtement en miroir visait à aménager l'espace sans cloisonner, à effacer les limites, à donner plus de profondeur et à agrandir bien entendu. Alice s'y perdrait car il ne s'agit pas de passer de l'autre côté mais bien de traverser de véritables espaces pour passer d'une pièce à l'autre. Épais et intelligents, les porteurs masqués par les surfaces réfléchissantes accueillent des rangements, une assise, des niches, une cheminée ou encore des interstices où se logent les portes coulissantes. Revêtus de tôle acier, tous ces creux sont autant de marqueurs qui ponctuent et relient les espaces entre eux.
Absolus et radicaux, ces deux volumes dotent l'ensemble d'une abstraction qui contraste avec les caractéristiques très classiques de cet appartement parisien.
⇒ Article paru dans le Hors-Série 41 : 1001 désirs d'intérieur
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