À quoi ressemble la salle de bains de Fifi? Y chantez-vous sous la douche, y rêvez-vous à vos futures collections ?
J'ai toujours aimé tout habiller, même les murs. Ma salle de bains est donc toute drapée, toute habillée, dans un voile de coton fleuri, rose et gris. Il y a des rideaux aux fenêtres, autour du miroir et de la machine à laver. Le problème de la salle de bains, c'est qu'on y a en général de très bonnes idées mais rien pour les noter (rires ). Pour moi, cela reste avant tout une pièce liée à l'intimité, au délassement.
Du parfum à la musique, vous vous êtes entourée d'un univers à votre image, sensuel et espiègle. En est-il de même de votre intérieur ?
Le parfum, la couture ou la musique ont le même vocabulaire, on parle d'harmonie, de notes, de gammes… Pendant le confinement, je me suis mise à concevoir une collection pour la maison. Le tissu s'adapte bien aux changements de décor : il est plus facile de draper de neuf un canapé que de repeindre un plafond. Cela m'est venu comme ça, et c'est devenu une évidence, d'autant que j'ai dessiné les décors de toutes nos boutiques. Dès le début de l'année 2021, vous trouverez donc des voilages, des abat-jour, des habits pour les meubles et des parures de lit chez Fifi Chachnil.
Vous êtes tour à tour chanteuse ou créatrice de lingerie : avez-vous songé un jour à devenir designer ou architecte d'intérieur ?
J'ai toujours fait, sans chercher à exercer un métier en particulier. Pour moi, il s'agit juste de changer de crayon, de moyen d'expression. Mais mon premier rêve d'enfant était sans doute de construire, puisque je me souviens avoir gagné un Instamatic 45 au Salon de l'enfance en dessinant la maison de mes rêves, une maison bulle qui volait dans les airs, avec des pièces transparentes comme des alvéoles d'abeille. Par la suite, je suis allée là où j'étais le plus à l'aise, vers le tissu, qui reste ma matière de prédilection, toute en souplesse et douceur, à l'image des mélodies des chansons.
Selon vous, la lingerie est l'architecture du corps : pouvez-vous nous expliquer cette idée ?
Les sous-vêtements façonnent l'architecture du corps. Lorsque vous enfilez une robe en maille sur un corps nu, il n'y a pas d'architecture. Mais si en dessous, vous mettez un soutien-gorge pointu, un serre-taille et une culotte haute qui va vous faire la fesse ronde, alors vous voilà dessinée. La mode est l'expression de notre époque, elle évolue naturellement ; je comprends que les femmes n'aient plus envie d'armatures, de contraintes, et en cela le mouvement actuel du « no bra », sans soutien-gorge, est important. Pourtant, ce qui est agréable pour de petits seins ne l'est pas forcément pour un 95D. Je suis pour la liberté d'expression par le vêtement, mais, j'aime l'idée que le costume puisse contribuer à vous soutenir, qu'il vous donne de l'allure, qu'il vous accompagne et vous aide tout au long d'une journée.
Avec votre lingerie, vous êtes entrée dans l'intimité des femmes : un conseil pour elles avant qu'elles ne se regardent dans le miroir le matin ?
Avant de se regarder dans un miroir, il faut se détendre, se défroisser, s'étirer, puis enfiler un déshabillé, ou des sous-vêtements qui vous rendent joyeuse. Plus que la mode, je crois au style. Les modes passent mais ce qui reste, c'est le vêtement dans lequel vous êtes bien. Le vêtement n'est ni une carcasse ni un uniforme, il permet un dialogue entre l'être et l'extérieur, et puisque qu'aucune journée ne se ressemble pareil, d'investir chacune d'entre elles de manière différente.
Pour en savoir plus : fifichachnil.paris