Si vous déambulez dans les ruelles du centre-bourg de Mende, préfecture de la Lozère, nul doute que vos pas vous mèneront au Musée du Gévaudan ! Installé dans un ensemble bâti en coeur de ville restauré par l’architecte Emmanuel Nebout, le musée apparaît comme une véritable extension de l’espace public. Autour de l’agora centrale, habillée d’une ombrière de frêne, les Mendois et les visiteurs de passage accèdent aux salles d’exposition, mais aussi à une boutique, un café, de petits salons de lecture et un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine géré par le Pays d’art et d’histoire.
À l’étage, la scénographie de l’exposition permanente est conçue dans le même esprit : sobre et élégante, elle se marie à merveille avec l’architecture des lieux, et se donne pour mission de transmettre au plus grand nombre, de manière non jargonnante, la richesse du patrimoine naturel, historique et artistique de la Lozère. Pour mettre en valeur le caractère hétéroclite de la collection qui en découle, où se mêlent des oeuvres et objets aussi divers qu’un silex, une page d’herbier ou une oeuvre du peintre lozérien Victorin Galière, le musée dévoile ses trésors au compte-gouttes, en s’attachant à susciter l’émerveillement des visiteurs face à chacune des pièces présentées…
EMMANUEL NEBOUT - ARCHITECTE
Avec le projet de réhabilitation du musée du Gévaudan, l’architecte Emmanuel Nebout, appuyé par la ville de Mende, le département, la région et l’État, propose un établissement culturel ouvert sur la ville, propice à revitaliser le centre historique de Mende.
Quel défi représentait la commande de ce musée ?
À Mende, l’enjeu était de réussir à faire un musée dans ce qui était une imbrication de petits bâtiments sans aucun lien entre eux, articulés autour de l’ancien hôtel particulier Buisson de Ressouches, ou plutôt de ce qu’il en restait après les nombreuses transformations qu’il a connues lors de l’installation d’une usine électrique entre ses murs au XIXe siècle. Nous avons dû recomposer intégralement l’îlot bâti afin de mettre en valeur les traits qui donnent à cet ensemble disparate une certaine cohérence.
Comment avez-vous procédé ?
Nous nous sommes concentrés sur les vides que constituaient les cours à l’intérieur de l’îlot et avons créé des liaisons par des passerelles vitrées entre les édifices anciens et nouveaux ; je pense notamment à la surélévation en fond de parcelle, nécessaire à l’augmentation de la surface du musée. Ces espaces extérieurs et cheminements suspendus permettent aujourd’hui de structurer l’ensemble du parcours de visite, en garantissant l’enchaînement fluide des espaces muséographiques.
Comment avez-vous pensé le rapport du musée à la ville ?
La cour d’honneur joue un rôle prépondérant dans la relation du musée du Gévaudan à la ville de Mende. En couvrant le lieu d’une discrète verrière, la municipalité est aujourd’hui en mesure d’offrir aux habitants un espace public en libre accès, utilisable en toute saison. Pour rendre cela possible, nous avons tiré parti d’un passage couvert existant reliant la rue avec l’intérieur de l’îlot pour inciter les visiteurs à pénétrer dans le musée, partiellement visible depuis l’extérieur. Sous la voûte du passage, nous avons prolongé les pavés de la rue de l’Épine et installé des portes automatiques, afin qu’il n’y ait aucun obstacle à l’accès des visiteurs.
Pourquoi avoir mis en place cette stratégie ?
Pour accueillir de nouveaux publics dans ce type de lieu, il faut que l’entrée se fasse de façon naturelle et qu’une fois dans l’enceinte du musée, la surprise soit de mise. Depuis la cour d’honneur, aménagée comme un grand salon à ciel ouvert où l’on peut se donner rendezvous, chacun peut ainsi découvrir le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine et le café-boutique en interface avec la rue, avant de parcourir les différentes collections dans les étages.