En alliant innovation technologique et culture du design, Concrete LCDA a fait du béton fibré haute performance un matériau d'agencement à part entière. Cette année, les designers Patrick Norguet et matali crasset, directrice artistique de la marque entre 2011 et 2015, signent de nouveaux modèles, proposant une approche sensible du décor, où la matière, traitée pour elle-même, techniquement et symboliquement, devient le support d'une narration intérieure.
L'architecte d'intérieur Jean-Philippe Nuel, qui a créé en 2016 deux modèles de panneaux (Chevron et Timber) pour la marque Concrete LCDA, souligne non sans malice que le béton est à la fois le matériau presque par excellence de l'architecture mais qu'il est en même temps décrié dans la construction - épuisement des ressources planétaires oblige -, et souvent associé à l'idée de froideur ou d'un certain ascétisme. Lorsqu'ils créent Concrete LCDA en 2010, Julien Gay, Julien et Valentin Delalande prennent justement le contrepied des clichés liés au matériau pour se concentrer sur ses qualités intrinsèques et ouvrir de nouvelles applications. Ils mettent au point, entre autres, le panneau Panbeton®, destiné à l'habillage de l'architecture d'intérieur. Soit une fine couche de béton fibré ultra haute performance, malléable à l'envi, contrecollée sur un panneau de mousse afin de rendre l'ensemble facile à découper et à poser. Pour le reste, ils s'appuient sur la vision créative de la designer matali crasset qui pendant près de quatre ans assure la direction artistique de la marque, et font ensuite appel aux grands designers français (et étrangers) à l'instar de Mathilde Brétillot, Normal Studio, Jean-Philippe Nuel ou encore Jean-Marie Massaud, pour développer des collections variées, comme autant d'interprétations simultanément culturelles et techniques de la matière. Les trois modèles lancés cette année, Haussmann de matali crasset et Bouchardé et Harmony de Patrick Norguet (également à la direction artistique de la marque Pure Paper du groupe Ober Surfaces) en sont une jolie démonstration.
LECTURES MULTIPLES
Matali Crasset explique : « Haussmann se joue des codes intérieurs domestiques et propose d'assimiler la symbolique bourgeoise des moulures et de l'ornementation en les basculant dans la modernité du béton. Une sorte de digestion des codes décoratifs dans un langage contemporain : un oxymore décoratif. Les pans évoquent ainsi des intérieurs d'appartements classiques par la répétition d'une fausse menuiserie et d'un jeu de baguettes. » Patrick Norguet, quant à lui, propose deux approches complémentaires. Avec Bouchardé , à la fois matériau et surface, il s'est attaché à donner à la matière une dimension artisanale, procurant ainsi une sensation d'irrégularité.
« Selon les éclairages, l'impact des panneaux dans une architecture est surprenant, riche et toujours différent, raconte-t-il. C'est la diversité de ces lectures aléatoires qui rend l'exercice passionnant ! »
Harmony de son côté joue avec les pleins et les vides, les creux et les bosses, créant des rythmes affirmés dans l'espace. Car comme le souligne le designer, toute la force de ses panneaux s'exprime réellement lorsque ceux-ci sont déployés à grande échelle : « Ils entrent en vibration et dessinent un paysage. » Intérieur, bien sûr.
⇒ Article paru dans Architectures À Vivre 105 spécial lofts et appartements