Ici on teste, une tasse thé dans une main, un questionnaire façon portrait chinois dans l'autre. On raconte sa vie, ses rêves, ses positions nocturnes et diurnes préférées, ce que l'on porte (ou pas), avant de se laisser aller dans les bras de Morphée. Et Maurice… fait le reste ! « Le lit, ce lieu à part entière où l'on se repose, se répare, vit, partage, travaille parfois, est aussi le témoin de notre vie la plus intime, raconte Elie Gamblin , le fondateur de Maurice & la Matelasserie. Il méritait d'avantage d'attention. » Il a donc décidé de lui consacrer une galerie, rien que ça ! Avec l'aide d'un duo de designers, Antoine Lesur & Marc Venot - concepteurs du module de création de matelas Oneiros , qui doit son nom au dieu des songes dans la mythologie grecque -, et du styliste thaïlandais Wisharawish - auteur d'un pyjama spécial… -, il a ainsi imaginé un lieu d'expérimentation dédiée au sommeil chic et sur mesure. Faire un matelas est une science, doublé d'une affaire de sentiments, de sensations, de création, et de savoir-faire artisanal de haute voltige, évidemment. Une bibliothèque verticale présente ainsi les près de 46 strates pouvant entrer dans la composition du sésame de la nuit : le noyau (ressorts ou latex aux épaisseurs variables), botte secrète du confort, et les nappages (cachemire, soie, poil ou laine de chameau, laine, alpaca, ou même crin de cheval latexé), rivalisant de douceur parce qu'ils constituent la couche en contact avec le corps.
Ensuite à chacun de composer, sur place, avec l'aide d'un conseiller, selon sa morphologie et ses envies, LE matelas. Puis passage à l'horizontale, choix des draps, de l'oreiller, et test, ajustements, jusqu'au lit parfait. Et évolutif ! Sait-on jamais, vous pourriez changer d'avis, d'habitudes, de partenaire, ou de positions préférées… Les strates de matières sont rassemblées, superposées dans les deux ateliers familiaux des Hauts-de-Seine et glissées dans une housse en tissu amovible, à l'instar des anciennes pratiques : les matelassières d'antan ouvraient les matelas, en retiraient la laine pour la carder à nouveau, afin de lui redonner du volume et le faire durer. Ici, la culture du sommeil et des belles choses va même plus loin, comme pour mieux rappeler que prendre du temps pour soi est un prérequis essentiel au bien dormir. Margot Thiry & Arsène Filliatreau, artistes en résidence à la galerie, y filent actuellement les métaphores des songes, pour un moment (presque) en apesanteur.
« LE LIT, (…) EST AUSSI LE TÉMOIN DE NOTRE VIE LA PLUS INTIME. »
► Article paru dans Architectures À Vivre 111 : Intérieurs d'architectes actuellement en kiosque et disponible sur la boutique en ligne.