Le « rêve » est ici ce qui précède l'architecture : le « lieu mental qui prendra forme dans le réel », selon les mots des commissaires Abdelkader Damani et Luca Galofaro. L'« autre », c'est le maître d'œuvre, ou d'ouvrage, celui qui imagine, conçoit, bâtit ce qui, avant, était à l'état de rêve. Il s'agit donc ici, tout simplement, de faire l'expérience de l'architecture, de la vivre, de l'apprécier pour ce qu'elle est ou a été pour cet autre. Héritière des rencontres internationales ArchiLab et forte de la collection d'architecture expérimentale du FRAC Centre, l'une des plus importantes au monde, cette nouvelle Biennale a tout pour plaire, et ce par-delà même nos frontières. À travers quatre expositions et six conférences qui auront lieu sur huit sites d'Orléans, ainsi qu'à Amilly, Bois, Tour et Bourges, la manifestation tentera de (re)définir ce qu'est l'architecture aujourd'hui, « discipline des cohabitations : du réel/fiction, des migrations/sédentarités, des effacements de frontières/soulèvements des murs, des réalisations/expérimentations » , avancent les commissaires, ancrant ainsi la manifestation au cœur des problématiques actuelles.
Car le « rêve d'un autre », « c'est aussi les fantasmes ou les craintes de ceux qui nous ont précédés, et auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Comment l'architecture peut-elle répondre à cette nouvelle donne, nous protéger du monde actuel sans nous en extraire ? », questionne Abdelkader Damani.
La principale exposition rassemble les œuvres de quarante architectes invités provenant de tous les continents et dont près de la moitié a moins de 40 ans. Leurs créations dialogueront avec des œuvres du FRAC. Deux rétrospectives accompagneront aussi l'événement : une sur le travail de Guy Rottier (1922-2013), concepteur subversif, voire absurde, mais qui a su être le moteur d'une certaine innovation en architecture, et l'autre sur Patrick Bouchain, maître dans la reconversion de friches industrielles et figure de l'architecture temporaire, collective et conviviale. Autant de pratiques devenues courantes et révélatrices des changements auxquels la profession fait face.
Article paru dans Architectures À Vivre 98 : Maisons inventives (novembre-décembre 2016)