Tous les petits villages autour de Genève connaissent ces dernières années une augmentation importante de leur population. Face à cette densification, il faut trouver des solutions… Et certains sont inventifs. C’est le cas de ces deux frères dont l’un était propriétaire d’une villa avec jardin dans un quartier pavillonnaire. Voyant le terrain comme une potentielle parcelle constructible, le second décide d’y bâtir sa propre habitation. La réponse des concepteurs est alors allée à l’encontre de ce à quoi on pouvait s’attendre. Et si la maison, au lieu d’être une extension de celle qui est déjà là, était plutôt une forme d’aménagement du jardin ? On observe alors une totale indépendance des deux constructions depuis l’extérieur, le nouveau projet étant refermé sur lui-même et homogène.
Cette volonté d’avoir « la même enveloppe qui renferme le dedans et le dehors » est un choix fort, dans un voisinage où les pavillons maçonnés aux toits pentus se succèdent.
Lorsque les architectes proposent une façade en sapin, le client, guidé par des raisons écologiques, économiques et esthétiques, est enthousiaste mais formule une crainte : celle du vieillissement parfois disgracieux de ce matériau naturel. La solution qui s’impose alors comme une évidence est le bois brûlé, celui-ci ne nécessitant aucun entretien régulier et donnant un aspect encore plus contemporain à la maison. Inspirés par la technique japonaise du shou-sugi-ban – l’art du bois brûlé –, les architectes se sont lancés dans l’expérience… jusqu’à procéder eux-mêmes, avec le maître d’ouvrage, au brûlage des planches ! En Suisse, les entreprises locales ne sont pas vraiment expertes en techniques ancestrales nippones… Ce qui devait alors prendre deux semaines de travail leur prit finalement un mois et demi.
Au noir monochrome de la façade s’oppose la clarté des espaces intérieurs où la teinte couleur sable du bouleau est associée au blanc des murs.
Disséminé en petites touches dans les chambres et assumé en grandes étendues dans le séjour, le bois conserve le rôle principal. La lumière inonde les pièces de vie en rapport direct avec le jardin au « rez-de-chaussée supérieur », mais est filtrée par le patio pour pénétrer dans les espaces plus intimes des chambres du « rez-de-chaussée inférieur ». Ingénieusement intégrés dans le terrain en dénivelé, les deux volumes bénéficient chacun d’une entrée qui leur est propre et donc d’un accès à des extérieurs aux qualités distinctes.
⇒ Article paru dans le Hors-Série 41 : 1001 désirs d'intérieur
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