« En tant qu'architectes, notre démarche consiste à faire en sorte que chaque projet s'inscrive au mieux dans son territoire. À chaque fois, nous étudions le contexte, essayons de comprendre ce qui fait l'essence du site. À partir de là, nous nous efforçons d'imaginer des maisons qui résonnent avec leur environnement, non des habitations que l'on pourrait trouver n'importe où », revendique Pierre Audat. Une posture qui explique le succès de ce projet de rénovation/extension livré en 2020 à Soorts-Hossegor.
Débuts difficiles et travail d'équipe
C'est qu'ici, plus qu'ailleurs, le contexte était décisif, déterminant jusqu'au choix des architectes. Pour comprendre comment, il faut remonter quelques années en arrière, lorsque le maître d'ouvrage hérite de la villa bâtie par ses parents dans les années 1960, dans le sable, face à l'océan. Après réflexion, sa femme et lui décident d'en faire leur résidence secondaire, à condition d'entreprendre de gros travaux de rénovation ; restée dans son jus depuis toujours, la maison ne correspond ni à leurs goûts, ni à leur mode de vie. Le cahier des charges présenté à un architecte local est en adéquation avec le programme : il faudra un vaste séjour, un étage supplémentaire pour accueillir quatre chambres et une salle de jeux pour recevoir des amis et leurs enfants, optimiser les ouvertures sur le littoral, et c'est à peu près tout. Pour le reste, le concepteur a carte blanche. Une liberté néanmoins relative : le site est délicat et l'architecte des bâtiments de France (ABF) ainsi que le service de l'urbanisme veillent au grain. Si bien que malgré ses efforts et sa bonne volonté, il enchaîne les refus de la mairie qui vient en plus de revoir son plan local d'urbanisme (PLU) dont les exigences sont drastiques. En quête de renforts, les maîtres d'ouvrage contactent alors Pierre Audat, architecte parisien avec qui ils ont collaboré par le passé et qui a, par ailleurs, déjà livré des opérations similaires à Soorts-Hossegor. Avec l'accord de son confrère à qui est confié le suivi de chantier, Pierre Audat reprend donc la main, épaulé par l'architecte d'intérieur Dom Palatchi.
Intégration maximum
Sans surprise, il prend la mesure des réglementations qui ont paralysé le projet de son prédécesseur. Ainsi, la loi Littoral exclut toute possibilité de démolition/reconstruction tandis que l'exigeant PLU recèle de nombreuses contraintes, tels que « des débords de toiture plus en accord avec l'esthétique régionale » ou encore l'utilisation de tuiles canal en couverture. Alors Pierre Audat imagine, dessine, joue avec les règles. Sur ses premières esquisses, l'on retrouve déjà les grandes lignes de la maison livrée en 2020. Un plan et des ouvertures calqués sur l'existant, auxquelles s'ajoutent quelques percements supplémentaires. L'ancien porche est par exemple remplacé par une grande baie vitrée, donnant à voir l'horizon depuis la chaussée. Une silhouette caractérisée par deux façades pignons habillées d'un claustra vertical en pin des Landes, pour faire écho « aux ganivelles que l'on trouve un peu partout dans le paysage » . Une toiture à deux pans, enfin, soulignée par un ruban en béton blanc (préfabriqué) et volontairement asymétrique. La pente douce et étirée du versant nord permet à la maison de « s'inscrire dans le profil des dunes mais aussi de terminer en quelque sorte le front bâti, puisqu'elle se trouve à l'extrémité nord de celui-ci » . Seule différence notable avec le projet final, le caractère praticable de cette toiture. « Nous avions d'abord imaginé que l'on pourrait proposer une sorte de déambulation sur le toit, ce qui nous aurait permis de nous inscrire davantage dans le dessin des dunes », témoigne l'architecte. Une proposition refusée (une fois de plus), au profit de pans rectilignes. Et s'il reconnaît que la phase conception était compliqué, Pierre Audat d'ajouter : « C'est probablement l'un des chantiers qui m'a procuré le plus de plaisir. C'est un projet qui respire le travail d'équipe, et la qualité s'en ressent. Nos clients en sont ravis. » Comme quoi, la persévérance paie.
FICHE TECHNIQUE
♦ architectes Pierre Audat & Associés
♦ www.pierreaudat.com
♦ Plan B (suivie de chantier)
♦ www.archi-planb.com
♦ architecte d'intérieur Dom Palatchi
♦ www.domatelier.com
♦ localisation Soorts-Hossegor (40)
♦ livraison octobre 2020
♦ bâti d'origine années 1960
♦ études 10 mois
♦ travaux 12 mois
♦ surface 210 m² (dont 73 m² d'extension)
♦ matériaux béton (structure) / pin sylvestre (claustra façades) / aluminium (menuiseries extérieures) / tuiles canal (couverture) / inox poli miroir (bandeau sous toiture) / lames de bois (terrasses) / béton ciré (sols)