Rédigé par Jean-Philippe Hugron | Publié le 17/03/2021
Point et ligne sur plan. Le titre est déjà pris, né de la plume de Kandinsky. Autant que le peintre russe, Elisa Ossino fait, avec un siècle d'écart, de la géométrie sa plus grande source d'inspiration. Pour la critique, son travail combine formes abstraites, aplats monochromes et références surréalistes voire métaphysiques. Souvent, elle cherche à faire de la peinture, la source de son imaginaire. Deux séries en témoignent : Rittrati di Living inspirée de l'univers pictural d'Edward Hopper et Omaggio a Morandi où, pour Salvatori, elle crée des formes de marbre en trois dimensions telles que le célèbre peintre Giorgio Morandi les avait tracées en deux dimensions. Elisa Ossino est donc touche-à-tout. Après des études d'architecture, elle travaille au département de la communication visuelle de l'université polytechnique de Milan puis s'oriente vers l'écriture et collabore au quotidien La Repubblica ainsi qu'à des magazines italiens de design.
« J'ai compris que l'on pouvait créer un monde entier en quelques jours », dit-elle.
Née en Sicile, formée à Milan, elle fonde son studio en 2000. En quelques années, elle forge sa réputation et collabore avec Molteni & C ou Kerakoll, et imagine pour les uns et les autres, objets et boutiques. Suivent rapidement Boffi Avec ces deux fabricants italiens de mobilier, elle conçoit d'abord une lampe, Nota. « Je voulais créer un objet extrêmement simple et linéaire qui deviendrait un signe fort et iconique, j'ai donc travaillé ligne, tracé et surface selon deux variantes : un lampadaire et une applique », précise-t-elle. C'est aussi l'occasion d'associer formes planes et volumes simples.
Elle poursuit cette réflexion sur l'équilibre des masses à travers canapés et sofas. De Padova, d'un projet à l'autre, conduit Elisa Ossino à se défier elle-même. Comment ? En lui proposant d'imaginer un lit. Les dernières décennies ont vu l'objet disparaître, s'effaçant, se résumant à la juxtaposition d'un sommier et d'un matelas, le plus souvent cachés par les différents tissus - draps, couettes et dessus-de-lit - qui les recouvrent. « J'avais envie pour ma part de transmettre l'envie de dormir, de révéler la beauté des moments de repos, de détente et de rêve », dit-elle. Toutefois, avant de s'attaquer au vif du sujet, elle conçoit une méridienne. L'architecte qu'elle est, réinterprète un classique, le lit de jour Barcelona connu pour être de Ludwig Mies van der Rohe mais peut-être est-il sorti de l'imaginaire de sa compagne et plus proche collaboratrice, Lilly Reich.
L’objet qu'Elisa Ossino développe en 2018 présente donc des « formes douces, extrêmement simplifiées et réduites à des volumes importants ». Baptisé Erei, il évoque les monts qui dominent le centre de la Sicile. L'Imera, le fleuve qui traverse ces collines, suggère enfin à la designer un autre projet, un lit cette fois-ci, « conçu pour offrir un maximum de confort ». Elle décline ses premières recherches sur le repos et opère des variations sur le thème de la douceur. Les rondeurs du coussin de la méridienne assurent alors en toute logique une belle parenté avec une volumineuse tête de lit capitonnée. « Elle accueille confortablement la tête et les épaules si vous voulez lire... », indique Elisa Ossino. Réalisée sur une structure en bois, elle est constituée d'un rembourrage en mousse de polyuréthane à densité variable et en ouate de polyester, recouvert d'un léger velours. Aux yeux de la créatrice, voilà qui suffit à « caractériser un espace ». De lampes en canapés, de canapés en méridiennes, de méridiennes en lits, Elisa Ossino poursuit toujours et encore, à travers la combinaison de volumes simples, son idéal plastique.
POUR EN SAVOIR PLUS :
► www.depadova.com
► www.elisaossino.it