Réduire une maison et un espace de travail à leurs fonctions essentielles, et les matérialiser par des formes épurées et minimales -« pauvres mais sexy », selon les termes de Petr Stolín, architecte.
Tel était le point de ce projet livré en 2015, à l'origine motivé par le désir d'inventer de nouveaux modes de vie. Une démarche expérimentale assumée, mais dont la mise en pratique - et le résultat ! - témoignent de préoccupations proches des enjeux techniques, écologiques et sociaux actuels. En attestent d'ailleurs les influences de l'architecture japonaise revendiquées par Petr Stolín…
Concrètement, cette habitation et ces bureaux sont contenus dans deux boîtes de presque 13 mètres de long et seulement 3 mètres de large, identiques et juxtaposées, ménageant entre elles l'apparition d'un patio de verdure.
Simplement posés sur des micro-pilons en béton et conçus à partir de matériaux simples et industriels - la structure est en panneaux sandwich revêtus de plexiglas -, ces volumes fonctionnent comme les deux faces opposées d'une même entité, tant en termes fonctionnels qu'esthétiques. Ainsi, le premier abrite les fonctions condensées d'une maison classique - chambre, salle de bains, salle à manger et cuisine -, réparties sur deux étages dont un en mezzanine, et arbore mille et une nuances de noir. Sols en caoutchouc, OSB peint, mobilier, fournitures…
Chaque élément, quoique rustique, contribue ainsi à développer une atmosphère intimiste et chaleureuse, mise en valeur par de larges ouvertures donnant sur le jardin. À l'opposé, le module abritant la fonction travail, blanc et tout aussi épuré, est conçu comme un reflet du premier - et vice versa. Ainsi, les fenêtres sont percées face à face, tandis que les matériaux, identiques, ne varient que par leurs coloris. Entre ces deux entités - comment ne pas penser au Tàiji tù, le symbole de la dualité du yin et du yang ? -, le patio fait office d'équilibre, véritable espace privé malgré l'absence de barrière. Accueillant une petite passerelle reliant les deux univers, elle donne sur un arbre majestueux, lequel semble vouloir réunir le blanc et le noir de ses branches, dans un effort naturel et forcément symbolique…
Article paru dans le Hors-série 37 : 1001 désirs d'intérieur