Quel est le public d’EquipHotel ? Et quels sont les objectifs du salon ?
Hôteliers, architectes, architectes d’intérieur, designers, fabricants : l’éventail des professionnels concernés est important et comprend des délégations internationales, avec des visiteurs principalement européens mais aussi canadiens, du Maghreb, entre autres, qui viennent sourcer des idées, des produits, des concepts, auprès de nos 1 200 exposants, de notre centaine de conférences et de notre dizaine d’espaces expérientiels. Avec, cette année, le thème « Osons ! », nous nous proposons d’accompagner nos visiteurs, quels que soient leurs profils, dans une réflexion différente, avec le soin d’apporter une vision globale. Nous souhaitons avant tout être pragmatiques : EquipHotel doit être apporteur de solutions, d’idées, le salon doit favoriser les rencontres, les contacts, la mise en réseau de partenaires potentiels. Par le biais des scénographies, nous voulons aussi créer de l’inspiration.
Quels types de scénographies seront justement présentés ?
Aujourd’hui, penser une chambre d’hôtel, un restaurant ou encore un lobby, c’est avant tout être confronté à une réalité économique et écologique. Nous présentons ainsi des chambres témoins réalisées par les équipes de Laune Architecture et Eroz dans le cadre d’un partenariat avec les hôtels OKKO et L’Ameublement français. Marie Deroudilhe dévoilera une suite lobby ; Laurent Maugoust expérimentera un bar sensoriel dans une mise en scène déployée autour du textile (dans un jeu de voilage, de bruissement) ; Franck Lebraly interviendra dans un restaurant éphémère… Il y aura aussi un espace conçu tel un mini-musée pour repenser l’espace de conversation, et une typologie de mobilier à l’image du confident. Nous avons monté des collaborations avec l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI-Les Ateliers) et l’IED de Milan : montrer la vision des jeunes qui ne sont pas encore sur le marché est une façon de faire de la prospective.
Quelles sont les évolutions à l’œuvre sur le salon ? Quelles sont les attentes du public ?
Ce que l’on perçoit, c’est un besoin très concret d’idées et de conseils, d’expériences, de solutions. Le secteur de l’hospitality a ses enjeux , ses challenges naturellement mais il est très résilient et ceux qui savent innover et se poser les bonnes questions s’en sortent bien. Le sujet pour les professionnels est souvent de bien calibrer leurs projets et veiller à leur bonne rentabilité : il ne suffit pas d’avoir un super concept, il faut aussi le financer et le gérer au mieux. Le développement durable étant maintenant intégré dans les projets, il n’est plus un sujet en soi, il est transversal dans toutes les discussions. Les visiteurs viennent chercher une pluralité de propositions, des experts et des intervenants de qualité, aussi bien pour comprendre le fonctionnement de concepts que pour obtenir des conseils : par exemple, à quelle hauteur investir pour refaire une partie de l’hôtel afin qu’il continue de fonctionner ? Le projet que nous portons avec L’Ameublement Français, Laune Architecture et les hôtels OKKO autour du circuit court est aussi une démonstration : comment, avec un budget resserré, faire les bons arbitrages pour concevoir une chambre made in France quasiment à 100 %.
Cette édition est orchestrée autour de quatre univers : Tech services, Wellness, Food et Beverage. Quelles évolutions constatez-vous dans l’hôtellerie ?
En premier lieu, les mutations à l’œuvre dans l’hôtellerie concernent l’utilisation de l’espace dans diverses temporalités : transformation des espaces de nuit, temps de coworking… La seconde mutation concerne la recherche de bien-être ou, plutôt, la manière de penser le mieux-être au cœur de l’hôtel. La tendance est plus à l’empathie. Se développent les zones consacrées aux soins « santé », aux massages, avec une multiplication de petits services de bien-être dans les offres hôtelières. Ce que l’on comprend globalement derrière tout cela, c’est la redéfinition d’un savoir-recevoir, 24 heures sur 24 : être capable de proposer un lieu où l’on va pouvoir dormir, travailler, pratiquer un peu de sport, se détendre, faire des rencontres… Tout cela au même endroit. L’hôtel est une maison commune qui attire des voyageurs, des touristes, mais aussi la population locale, car l’hôtel s’ouvre sur le quartier, est un lieu de vie dans la ville. L’enjeu est de savoir accueillir ces différents profils de clients. L’hôtel, au début du XIXe siècle, était un lieu où tout le monde se retrouvait. Peut-être revient-on à ses origines ?
Comment ces évolutions se traduisent-elles en termes d’architecture ?
Cela suggère des établissements plus ouverts sur la rue. Mais nous constatons aussi que c’est l’extérieur qui entre à l’intérieur, avec une présence forte de nature, de patios. Ces changements sont aussi le fait d’une ouverture de l’hôtellerie à différents profils d’architectes. De nos jours, il y a moins de peur à aller chercher un partenaire peu expérimenté dans l’hôtellerie, mais qui possède d’autres expériences qui apporteront d’autres choses, et nous essayons de le retranscrire sur le salon : nous invitons des designers qui scénarisent des zones, des artisans, des peintres, des architectes d’intérieur traditionnels.
Dans la recherche d’empathie, il est de plus en plus constaté d’emprunts de codes à l’univers du résidentiel, pour des espaces cocon, par exemple ?
C’est vrai, la demande est aux espaces très cocon et multifonctionnels. Nous sommes ici dans la continuité du décloisonnement : on ne loue pas une chambre que pour y dormir. Par exemple, les codes des appart’hôtels fonctionnement très bien. L’offre a été travaillée, rendue plus actuelle et les acteurs ont su bien s’adapter aux besoins des clients d’aujourd’hui. Le client ne veut plus de standard, il veut de la différence, de la personnalisation. Ils ont réussi à remarketer l’offre sur ces critères, ce qui est assez fort.
Pourquoi, dans la présentation du salon, parlez-vous d’« hospitalités » en accordant le terme au pluriel ?
Nous sommes au début de quelque chose, nous attirons largement au-delà de l’hôtellerie. Ce secteur joue un rôle fédérateur, central, il infuse dans d’autres activités. Par exemple dans la santé – les cliniques, les maisons de retraite – qui intègre des codes hôteliers à son univers. Et à l’inverse, l’hôtellerie s’inspire du retail et intègre des codes du tertiaire.
Le sujet de l’intelligence artificielle sera-t-il aussi au cœur des échanges ?
Nous allons tenir une série de conférences sur le sujet de l’IA et également sur le thème du design, avec notamment le CFAI, pour évoquer ses possibilités, ne serait-ce que pour éviter les dérapages de budget et / ou de timing, par exemple. Comment s’emparer de cet outil IA pour le traitement de données, bien sûr, le service, la connaissance des clients en vue de développer son projet, la fidélisation des équipes, pour faciliter aussi certaines de leurs tâches afin qu’elles se rendent davantage disponibles pour les clients… Un sujet majeur, aujourd’hui !