Après Häusermann en 2011 et Guy Rottier l’an passé, c’est un autre architecte visionnaire et utopiste des années 1970 qui disparaît. Ces concepteurs avaient en commun de contester l’uniformisation induite par les lourds moyens de production modernes et de proposer, en contrepoint, des réalisations plus organiques, plus adaptées aux habitants et à leurs sites. C’est ainsi que la célèbre maison de couleur terracotta disparaît dans le paysage de l’Esterel, s’assimilant à la colline, se fondant dans la végétation méditerranéenne. Ses coques, agglomérées les unes aux autres, donnent l’idée d’un habitat modulable, évoluant en fonction des besoins de ses occupants. « L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéressent ; créer une enveloppe autour des besoins de l’homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté », soutenait-il. Né en Hongrie en 1920, de père russe et de mère finlandaise, Antti Lovag suit d’abord des études en ingénierie navale et en construction mécanique avant de rejoindre les Beaux-Arts de Paris, à la fin des années 1940. Après la guerre, il consacrera sa carrière à édifier des maisons-bulles réalisées à partir de béton projeté sur un ferraillage donnant la forme de la maison ou de ciment armé de fibres. La première sera la Maison Gaudet à Tourrettes-sur-Loup dont les premiers plans remontent à 1968 et qui a donné lieu à un chantier permanent jusqu’à 1996, deux ans avant son inscription à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. La plus célèbre sera ce fameux Palais Bulles, d’abord réalisé pour l'industriel Pierre Bernard et acheté à son décès par Pierre Cardin en 1992, qui l’agrandit l’année suivante. Antti Lovag a également une production publique, plus confidentielle, comme la Maison des Jeunes et de la culture Picaud à Cannes ou le complexe astronomique du collège Valeri de Nice. Le mieux aujourd’hui pour découvrir ses œuvres reste le FRAC Centre à Orléans, dont la collection permanente concentre la mémoire de ces architectes alternatifs.