Chaque printemps, la question se trouve au domaine de Chaumont-sur-Loire, où le Festival international des jardins s’amuse à interroger les créateurs du monde entier avec un défi simple… du moins en apparence : imaginer un aménagement sur un thème donné. En 2016, le lieu se tourne vers le futur : Jardins du siècle à venir, difficile de trouver meilleur intitulé pour célébrer les 25 ans de l’événement ligérien, qui, en un quart de siècle, s’est imposé comme une véritable pépinière d’idées, toujours à l’avant-garde de la conception paysagère. Cette année, le visiteur découvre ainsi que les plantes peuvent produire de l’électricité : dans la parcelle Rooftop Power Plant, conçue par les paysagistes néerlandaises Aleid Westenberg et Lucia Latenstein, des diodes s’illuminent grâce à l’énergie végétale, annonçant aux terrasses des grandes métropoles un avenir brillant. Plus loin, le Jardin du songe flottant fait léviter des plantes grâce à la magie de l’aéroponie : en plongeant les racines des végétaux dans de la vapeur d’eau, l’artiste Jean-Philippe Poirée-Ville suspend en l’air une oasis luxuriante. Autant de créations mues par le défi climatique et qui semblent sans cesse s’hybrider avec la science. Un positionnement à l’image de celui choisi par l’ensemble du domaine où fleurissent aussi chaque année les œuvres d’art. « Paysagistes, artistes, designers, botanistes ou scénographes s'y allient pour créer un autre monde », explique sa directrice Chantal Colleu-Dumont pour décrire le parc, univers parallèle qui ne cesse de refléter les questionnements de l’époque. Les progrès techniques y subliment la nature, que le sol devienne mouvant avec Petite Loire, bloc de marbre vert dans lequel le designer Mathieu Lehanneur a figé les mouvements du fleuve à l’aide d’un logiciel, ou que des buissons impressionnistes s’agitent dans le vent : par le truchement d’un programme informatique, Davide Quayola, digital artist fasciné par les huiles de Vincent Van Gogh, change en effet la nature en peinture. Une transformation saisissante, et une fois encore, à l’énergie communicatrice.